lundi 27 octobre 2008

Matthieu 11.25-30

MATTHIEU 11.25-30

Que la grâce et la paix de notre seigneur Jésus Christ soit avec chacun d’entre vous. Amen.

Chers frères et sœurs, nous savons tous que les prix de l’essence augmentent de façon vertigineuse à l’heure actuelle. Pour faire face à ce problème, je propose à ceux d’entre vous qui possèdent un jardin une solution toute simple : y forer un puits pour en extraire du pétrole. Voilà qui serait économique (c’est un système d’autosubsistance) et facile (plus besoin d’aller à la pompe !). N’est-ce pas là une idée tout à fait ingénieuse ?
Bien sûr que non ! Nous savons tous que ce type de forage nécessite des moyens techniques très importants. Surtout, nous savons tous que le sol de la région parisienne ne contient que très peu d’hydrocarbures. Et bien, chercher à extraire du pétrole dans notre région, c’est comme essayer de connaître Dieu sans creuser dans sa Parole, ou essayer de sonder le Seigneur en nous basant sur nos raisonnements, notre logique, sur ce que nous croyons que Dieu est ou devrait être, s’il est un Dieu convenable. Voilà un piège redoutable, contre lequel Jésus nous avertit dans l’évangile de ce jour, et dont ses paroles nous font sortir.



I
Notre passage se situe dans un contexte difficile pour Jésus. Tout d’abord,
Jean-Baptiste, son cousin, doute : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »(v.3). En clair : « es-tu bien le Messie ? ». Il est vrai que l’enseignement de Jésus suscite bien des oppositions ; les choses se passent souvent mal. Jésus est accusé par beaucoup d’être un libertin, prenant plaisir à cotoyer les débauchés (v.19). Et le Seigneur se lamente sur Chorazin, Bethsaïda, Capernaüm, toutes ces villes qui ont été témoins de ses miracles, qui ont entendu son message, et qui lui ont tourné le dos (v. 20-24).
Malgré cela, malgré les insultes, malgré le rejet, Jésus loue son Père. Il sait que son Père contrôle toutes choses, que rien n’arrive hors de sa volonté. Tout s’accomplit parce que Dieu l’a « voulu ainsi » ou, pour reprendre la traduction de la Colombe « selon son bienveillant dessein ». Pourquoi Jésus loue t’il son Père ?
« parce qu’il a caché ses choses aux sages et aux intelligents et qu’il as révélées aux enfants ». Etrange déclaration, vraiment. Que veut donc dire Jésus ?
Bien sûr, le Seigneur parle ici de son expérience. Ceux qui se sont le plus opposés à lui, ce sont les chefs religieux, les experts de la Loi, les théologiens émérites, les savants. Encore aujourd’hui, la plus grande partie de l’élite intellectuelle occidentale (y compris dans certaines facultés de théologie) se complaît dans le mépris le plus complet de la foi chrétienne biblique, vue comme juste bonne pour quelques fondamentalistes arriérés.
Devons-nous tomber dans l’anti-intellectualisme ? Non, et ce n’est pas de cela que parle Jésus. Bien au contraire, on pourrait dire que l’Eglise n’a jamais eu autant besoin d’une pensée solide, exigeante, si elle veut pouvoir répondre aux défis du temps. Ce que le Seigneur dénonce ici, c’est de façon très générale tous ceux qui, intellectuels ou non, se croient sages et intelligents, et pensent pouvoir se baser sur leur propre raison, leur propre intelligence pour refuser la Parole de Dieu ou la juger, ceux qui gardent un cœur impénitent. « Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux et qui se considèrent intelligents ! » dit le prophète Esaïe (5.21). A l’opposé, on trouve les « enfants », c'est-à-dire tous ceux qui sont touchés par la Parole du salut, qui reconnaissent qu’il n’y a en eux aucun mérite, qu’ils n’ont rien à apporter à Dieu et mettent en lui leur confiance.
Oui, la Parole de Dieu est puissance en vue du salut de quiconque croit. Mais l’homme naturel (avec ses seules capacités mentales) n’accepte pas les choses de l’esprit de Dieu. Elles sont pour lui une folie, et il ne peut même pas les connaître (1 Co 2.14), car notre intelligence naturelle est corrompue par le péché depuis la Chute d’Adam et Eve. Elle ne peut donc pas être un guide fiable. La foi n’est pas le résultat d’un processus intellectuel, ou encore d’une décision que nous aurions prise. Elle est le don de Dieu (Eph 2.18).
Prenons donc garde, car l’orgueil (intellectuel mais aussi religieux, social ou moral) est un redoutable obstacle à l’Evangile. Il rend le cœur insensible aux besoins de l’âme. Il ferme la porte à la grâce et à la vraie sagesse.



II
Oui, refuser Jésus, comme le font les « sages et intelligents » de notre texte, c’est refuser le salut, la vie éternelle. C’est ce que Jésus affirme très clairement « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler » (v.27). En clair : personne ne peut connaître vraiment Dieu sans passer par Jésus. Jésus est le seul chemin vers Dieu. Si ces paroles vous semblent intolérantes, c’est parce qu’elles le sont bel et bien. Jésus ne croit pas, comme beaucoup aujourd’hui, que toutes les religions mènent à Dieu, qu’elles ne sont que des chemins différents vers un même but. « Nul ne vient au Père que par moi » nous dit le Seigneur.
Il y a de cela quelques années, Michael Ramsey, archevêque de Canterbury et chef spirituel de l’église anglicane, était l’invité d’une grande émission de télé américaine, le Late Night Show de Johnny Carson. Immédiatement après son arrivée sur le plateau, un des invités l’a apostrophé très directement :
« -Vous savez ce que je n’aime pas dans votre religion ?
-Non, quoi donc ?
-Je n’aime pas votre exclusivisme, votre intolérance. Vous dites que Jésus est le seul chemin vers Dieu.
-Et bien, en fait, répondit l’archevêque, je n’ai jamais dit cela. C’est Jésus lui-même qui l’a affirmé. En tant que chrétien, je reçois les paroles de la foi transmises par l’Eglise. Je n’ai pas à être en désaccord avec Jésus ou à réinterpréter ses propos. Je suis son disciple, et en tant que tel, j’enseigne ce qu’il a enseigné. »
Je trouve que Michael Ramsey a fait là une belle et forte réponse chrétienne, la seule que nous devons faire à notre société post-moderne. Nous devons continuer à proclamer, avec douceur mais aussi conviction, cette bonne nouvelle du salut en Jésus seul. Ce n’est pas notre message, nos idées personnelles ou celles de Luther que nos croyons et prêchons : c’est le message véridique de Jésus Christ. Jésus est le seul à pouvoir nous sauver, parce que lui seul était le Fils de Dieu. Lui seul a vécu une vie parfaite et sans tache. Lui seul est mort à notre place sur la croix, pour expier nos fautes. Lui seul a vaincu la mort au matin de Pâques.
Oui, Jésus est doux : il pardonne. Oui, il est humble de cœur : il accepte de nous aimer et de nous sauver, nous qui sommes pécheurs : « lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu,
mais il s’est dépouillé lui–même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme,il s’est humilié lui–même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. »
(Phil 2.6-8). Aimant, prêt à pardonner : telle est l’image de Dieu que Jésus nous révèle dans la Bonne Nouvelle.
Voila pourquoi Jésus nous appelle et nous dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. ». Nous avons tous des fardeaux à porter dans nos vies, parfois plusieurs à la fois. Des problèmes de santé, le chômage, une désentente au sein de la famille, un travail dans lequel on ne s’épanouit pas…Mais il y a un fardeau plus lourd encore : c’est celui de nos fautes, et de celui-là, seul Jésus peut nous délivrer.



III
Ce n’est pas que le seigneur nous garantisse une vie légère, épargnée par les épreuves et richement bénie matériellement comme voudraient nous le faire croire certains. En fait, Jésus nous parle ici du grand échange qu’il opère. « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions ». Jésus a enlevé le poids du péché qui pesait sur nos épaules. A la place, il va mettre son joug. Qu’est-ce que cela veut dire ? Le joug, c’est bien sûr cette pièce de bois posée sur l’encolure de boeufs (entre autres) de façon à les faire travailler ensemble. Nous rendons-nous bien compte du symbolisme de cette image ? Dans un joug, ce sont deux animaux qui sont placés côte à côte. D’ailleurs, il y a en a toujours un qui est le plus robuste et un dispositif lui permet de porter l’essentiel de la charge.
Voila ce que Jésus nous dit : je vais être à tes côtés, je vais avancer avec toi, nous allons marcher ensemble, parce que nous sommes liés l’un à l’autre. La Bible dit de certains croyants de l’Ancien Testament qu’ils marchaient avec Dieu, pour signifier qu’ils menaient une vie dans la présence du Seigneur. Voila ce que nous donne le joug de Christ. Nous n’avons pas à porter notre charge seuls : Christ est là, avec nous. Nous rendons-nous bien compte de la consolation qu’offre cette pensée ? Nous n’avons pas à nous confier en nos propres forces sur le chemin de la vie, mais la même puissance qui a été déployée pour notre salut va nous accompagner tous les jours, jusqu’au bout de notre chemin, vers la victoire finale.
Le joug, dans la tradition juive, c’est aussi le symbole de l’autorité. Jésus nous dit donc ici : entrez à mon école, devenez mes disciples. Il nous invite à le regarder comme notre enseignant et à nous soumettre à lui comme notre Seigneur.
Mais son joug est doux. Le fardeau que Jésus met sur nos épaules, contrairement à celui qui pesait sur nous auparavant, est léger. C’est que le Seigneur, nous l’avons vu, est doux et humble de cœur. Jamais il ne voudra nous écraser et nous, connaissant l’amour qu’il nous a montré à la croix, nous pourrons le suivre et écouter sa voix avec confiance.


En nous invitant de prendre son joug sur nous, Jésus nous dit qu’il va nous instruire, nous fortifier, nous aider à mener une vie sainte et conforme à sa volonté, parce que ce sera une vie vécue à la lumière de l’Evangile. Jésus nous enseigne par la prédication. Il nous enseigne par la lecture personnelle de sa Parole. A ce sujet, nous avons la chance de disposer de notre petit receuil Notre Culte Quotidien, et des méditations qui l’accompagnent. Nous pouvons aussi avoir recours à ces ouvrages de vie chrétienne, tels que vous pouvez les trouver dans notre stand de librairie. Vous trouverez dans ces livres des solutions sur des points de foi difficiles, sur les priorités et l’attitude du chrétien dans le monde actuel, sur les problèmes d’éthique qui se posent à nos contemporains. Nous pouvons aussi piocher largement dans le stock de traités mis à notre disposition, et que nous pouvons bien sûr offrir à ceux de nos amis qui sont en recherche.
Jésus nous soutient par sa Parole, il nous rend aussi forts dans la sainte cène, ce repas qu’il a institué pour le bien de son peuple. Jésus est enfin à notre écoute dans la prière, que nous pouvons lui adresser à chaque instant.


Jésus va prendre soin de nous. Il va nous accompagner, car il est fidèle. Jésus nous donne dès aujourd’hui de nous reposer en lui et nous savons qu’un jour, au ciel, nous connaîtrons le repos complet et parfait que Dieu donne. Telle est l’assurance bénie de la foi en Jésus Christ.
« Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu.
Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses oeuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes.
Empressons–nous donc d’entrer dans ce repos » Héb 4.9-11

vendredi 24 octobre 2008

Sept Cavaliers T.1: Le Margrave Héréditaire


On connaissait les adaptations cinématographiques d'oeuvres écrites. Dans son nouvel album, Jacques Terpant s'attaque à un nouveau type de travail: mettre en bandes dessinées un livre, en l'occurence un des meilleurs ouvrages de Jean Raspail: Sept Cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée (paru en 1993).
Dans ce qui semble être un royaume imaginaire d'un coin d'Europe à la fin du 19ème siècle, la vie semble s'en être allée. La Ville, qui a connu ses heures de gloire, a presque été abandonnée par sa population. Un mal inconnu ronge le pays, parcouru par des bandes qui y sèment leur violence et leur désespoir. Il n'y a plus de train, plus de bateaux, plus de télégraphe: la Ville est coupée du monde. Son Altesse le Margrave héréditaire (auquel Teprant a donné les traits de Jean Raspail) ne règne plus que sur un chateau vide. Il décide de confier une ultime mission à une poignée de fidèles. Sept cavaliers sont désignés pour retrouver la fille du Margrave et, avec elle, la vie perdue.
Tous ceux qui ont aimé le livre seront sans doute charmés par la qualité de ce premier tome (la série en comptera trois). Les autres découvriront une magnifique histoire, servie par la qualité du trait d'un Terpant qui passe là à une nouvelle étape de son oeuvre. Le dessinateur a fait le choix d'un grande fidélité au roman de Raspail et cite souvent directement le roman, sans jamais être servile. Je me suis demandé, à le première lecture, pourquoi Terpant avait consacré presque tout son premier tome à l'avant-départ. En fait, ce choix s'imposait. L'album fait bien entrer le lecteur dans l'atmosphère sombre de ce qui paraît bien être la fin d'un monde.
C'est bien cette atmosphère qui pose une des des grandes questions de cet album et du livre qui l'a inspiré.
Où est l'espérance dans un monde qui s'écroule, et qui, derrière ses beaux uniformes, ses blasons et ses anciennes coutumes, ressemble étrangement au nôtre? Raspail (et, avec lui, Terpant) semble avoir un problème avec la petite fille espérance chère à Péguy. Même si on sait que c'est faux pour certains d'entre eux, on a l'impression que les cavaliers sont restés fidèles plus par principe ou souci de style que parce qu'ils croient vraiment en un avenir.
C'est ce qui ressort dans le livre d'un dialogue entre le chef du petit groupe, le colonel-major Silve de Pikkendorf et son ami l'évêque Osmond Van Beck:
"-Mais vous, Osmond, n'espérez-vous rien?
Mgr Van Beck hésita
-Si, Dieu. Peut-être le trouverons-nous au bout du chemin. Mais je n'en dirai pas plus, imaginez qu'il nous fasse faux bond"
Van Beck a au moins l'honnêteté de reconnaître que Dieu peut se cacher, que sa présence, notamment au coeur des troubles des sociétés humaines est parfois plus que difficile à percevoir. On peut néanmoins se demander quelle est cette théologie douteuse qui, par "réalisme", sépare l'espérance et la foi.
En tout cas, en chevauchant avec les sept hommes du Margrave, on pourra se demlander "et moi, en quoi est-ce que je place mon espérance?"
"Sept cavaliers quittèrent la Ville au crépuscule, par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée. Tête haute, sans se cacher, car ils ne fuyaient pas, ils ne trahissaient rien, espéraient moins encore et se gardaient d'imaginer. Ainsi étaient-ils armés, le coeur et l'âme désencombrés scintillant froidement comme du cristal, pour le voyage qui les attendaient"
Sept Cavaliers T.1, Robert Laffont, 2008, 12,95€

lundi 20 octobre 2008

Amos 7, 10 à 17 (Eph. 1, 3 à 14 ; Marc 6, 7 à 13)

10 ¶ Amassia, le prêtre de Béthel, fit parvenir ce message à Jéroboam, roi d’Israël : Amos cherche à renverser ton pouvoir dans le royaume d’Israël. Le pays ne peut tolérer davantage ses discours.
11 Voici en effet ce que déclare Amos : Jéroboam mourra de mort violente, et la population d’Israël sera déportée loin de sa patrie.
12 Amassia dit alors à Amos : Visionnaire, décampe d’ici et rentre au pays de Juda. Là–bas tu pourras gagner ton pain en faisant le prophète.
13 Mais cesse de jouer au prophète ici, à Béthel, car c’est un sanctuaire royal, un temple officiel.
14 Amos répondit à Amassia : Je ne suis ni prophète de métier ni membre d’une confrérie prophétique. Je gagne habituellement ma vie en élevant du bétail et en incisant les fruits du sycomore.
15 Seulement le Seigneur m’a pris derrière mon troupeau, et il m’a dit d’aller parler de sa part à Israël, son peuple.
16 Or toi, Amassia, tu m’interdis d’apporter le message de Dieu au sujet d’Israël, de débiter mes discours, comme tu dis, contre les descendants d’Isaac. Eh bien, écoute donc ce message du Seigneur :
17 Voici ce qu’il déclare : Ta femme sera réduite à se prostituer dans la ville, tes fils et tes filles seront massacrés. Ta propriété sera partagée au cordeau. Toi–même tu mourras en pays païen, et la population d’Israël sera déportée loin de sa patrie.



Frères et sœurs, avec Amos, nous voici au milieu du 8e siècle avant Jésus-Christ. Rappelons qu’à la mort de Salomon, le royaume s’était coupé en deux : Israël au Nord, et Juda, au sud. Les tribus du Nord, ce sont un peu les libéraux de l’époque. Dans une sorte de consensus général, les dirigeants politiques et religieux encouragent l’œcuménisme : l’Eternel n’a plus la côte ; on lui ajoute les divinités païennes des peuples environnants.
Une bonne opération qui a fait exploser le commerce et enrichi tout le monde ! Israël est prospère comme au temps de Salomon, son économie est florissante ! Et pour couronner le tout, Damas est soumise, l’empire assyrien est malade et n’a donc plus les moyens d’inquiéter ses voisins.
Pour un peu, ils se mettraient presque à chanter : « tout va très bien, Madame le Marquise » ! Mais si vous connaissez la chanson, vous savez que la situation, réelle était loin d’être brillante ! C’était la même chose en Israël.
Les dix tribus du Nord sont comme une corbeille de beaux fruits, dit le Seigneur (Amos 8, 1), mais ces fruits sont véreux et pourris. Les inégalités sociales sont criantes. Le culte n’est que formalisme et, comme nous l’avons dit, souillé par des pratiques idolâtres.
C’est pourquoi Dieu va réagir.
Ce n’est pas ici la semaine des 35 heures, ni des congés payés, ni de week-ends prolongés… Il s’agit d’un homme, Amos qui a deux métiers plutôt qu’un. C’est un travailleur de la campagne, un travailleur agricole dirons-nous, qui vit de l’élevage du petit bétail, un propriétaire de troupeau. En plus de cette activité principale, il en a une autre, complémentaire : il cultive des sycomores. Il s’agit d’un arbre, fréquent à l’époque en Palestine, une sorte de figuier sauvage dont il fallait inciser le fruit avant sa maturité et qui servait à nourrir le bétail. Tout son temps est pris par ces deux métiers, par cette activité d’élevage d’un troupeau. Il n’a aucun temps de libre ; il est pris tout entier par son travail.
Et voilà qu’un jour, sans qu’il ne sache apparemment ni comment, ni pourquoi, Dieu l’arrache à ses occupations habituelles. Il l’empoigne derrière le troupeau, il lui adresse une vocation précise. Amos est l’objet d’une élection de Dieu, alors que rien ne semblait le préparer à cela ; il n’est pas prophète de profession. Ce n’est pas son métier. Mais Dieu l’appelle et il l’appelle à une tâche précise. Il sera son témoin. Au début du chapitre 7, nous lisons que le Seigneur lui envoie des visions terrifiantes sur l’avenir de son peuple, Israël : invasion de sauterelles, incendie. Et à chaque fois, un peu comme Abraham à propos de Sodome et de Gomorrhe, Amos parvient à fléchir le jugement de Dieu. Alors cet homme « ordinaire » dans le royaume de Juda, est appelé par Dieu à prophétiser dans le royaume du Nord, en Israël.
Comprenons la difficulté d’une telle intervention ! C’est un peu comme si un Irakien chiite voulait intervenir dans les affaires de la communauté sunnite !
Et pour rendre la mission encore plus périlleuse, Dieu n’envoie pas Amos avec un message de paix : c’est au contraire une prédication terrible que le prophète doit apporter dans le royaume d’Israël : l’imminence du châtiment divin.
Amos doit critiquer violemment le luxe sans vergogne qui règne à Samarie, la capitale. Ce faisant, il critique et condamne tout à la fois le roi et le clergé de ce royaume. Car là bas, c’est le roi qui désigne les prêtres. C’est, avant la lettre – par rapport à ce qui s’est passé dans l’Eglise au Moyen Âge – l’union du sabre et du goupillon ! Amos dénonce cette déviance avec courage, probablement au péril de sa vie, de sorte que « Amatsia, sacrificateur de Béthel, envoya dire à Jéroboam, roi d’Israël : Amos conspire contre toi au milieu de la maison d’Israël ; le pays ne peut supporter toutes ses paroles »…
Amos est un homme de combat, du combat de la foi. Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Comme le lui fait remarquer Amatsia : « Visionnaire, va t’en d’ici ! Retourne dans le pays de Judas ; manges-y ton pain, et là tu prophétiseras ! Mais ne continue pas à prophétiser à Béthel, car c’est un sanctuaire du roi, et c’est une maison royale».
Mais Amos ne part pas. C’est Dieu qui l’a choisi. Il fonde en Dieu seul l’autorité du message qu’il délivre. Tant pis s’il n’est pas au goût du jour, s’il n’est pas « politiquement correct ». S’il fait rétrograde ! N’en déplaise aux autorités en place, il a été envoyé en Israël car pour Dieu, Israël est aussi son peuple, comme Juda. Dieu ne désespère jamais de l’homme, frères et sœurs ; son Esprit est à l’œuvre jusqu’à l’extrême limite de son endurcissement. Personne donc, ni Amatsia le prêtre corrompu, ni le roi Jéroboam ne peuvent contester son activité car ce serait contester les droits absolus de Dieu sur son peuple. C’est pourtant ce qui va se produire, et la prophétie d’Amos sur Israël trouvera, hélas, son accomplissement : « ta terre sera partagée au cordeau, dit le prophète ; toi, Amatsia, tu mourras sur une terre impure, et Israël sera déporté loin de sa terre » (Effectivement, Samarie sera détruite 40 ans plus tard) !


Chers amis, dimanche prochain, nous fêterons la Réformation. Cette marche du prophète Amos au devant de Béthel m’en rappelle une autre, tout aussi héroïque pour la foi et l’Evangile : celle de Martin Luther au devant de Worms. Je vous rappelle qu’au tout début de l’année 1521, le jeune empereur Charles-Quint, qui avait 20 ans, convoqua tous les dignitaires de l’empire à Worms, une ville des bords du Rhin. Les différentes affaires politiques et religieuses devaient y être débattues, parmi lesquelles, en particulier, le problème grandissant que commençait à poser un jeune professeur de théologie, du nom de Martin Luther. Son cas était jugé d’avance, notamment par les représentants du pape qui tenaient déjà sa lettre d’excommunication. Les débats qui suivirent, consignés dans les biographies du réformateur, montre à quel point le parti romain, mais aussi les humanistes, haïssaient Luther et sa doctrine.
Ses amis craignaient pour sa vie. A Melanchthon qui voulait l’accompagner, Luther répondit : « Cher frère, si je ne reviens pas, si mes ennemis me mettent à mort, tu continueras à enseigner et tu maintiendras ferme la vérité ; si tu vis, peu importe ma mort. » Sur le chemin de Worms, les princes et les Seigneurs allemands étaient tout disposés à lui offrir un refuge, mais le réformateur ne voulut pas interrompre son voyage ; Dieu le poussait en avant. Spalatin, le secrétaire de l’Electeur Frédéric, lui adressait de constants avertissements. C’est là que Luther lui envoya cette réponse demeurée célèbre : « J’irai à Worms, y aurait-il dans cette ville autant de diables que de tuiles sur les toits ! » Il parlait comme ça, Luther…
Mais revenons au prophète Amos. Par son ministère, le prophète préfigure l’appel des premiers apôtres ; ce message qui sera la réaffirmation primordiale de la Réforme : le sacerdoce universel, tous prêtres, tous prophètes ! « Vous, dit l’apôtre Pierre dans sa première lettre, vous qui écoutez ce matin dans cette Eglise du Christ à Mulhouse, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ; vous qui autrefois n’étiez pas un peuple et qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde et qui à présent avez obtenu miséricorde ! »
Comme le Dieu de l’ancienne Alliance a appelé et envoyé Amos, comme Jésus envoie ses disciples deux par deux, comme Martin Luther au devant de Charles Quint, il nous envoie aujourd’hui. Amos n’était pas payé par le roi de Juda pour transmettre un message de propagande. Jésus ne paie pas ses disciples pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume en toute sécurité ! Au contraire ! Il les prend dans leur travail, au milieu de leurs occupations professionnelles et les envoie dans le plus grand dénuement. Aujourd’hui encore, le Christ ressuscité nous envoie bénévolement pour répandre l’Evangile de salut, de pardon et d’amour ; pour annoncer sans rétribution le salut gratuit qui découle de la croix du Christ et de sa résurrection.
Dans ces trois cas (Amos, les douze disciples, Luther), il ne s’agit pas d’un choix personnel, d’une décision mûrement réfléchie. Et quel que soit le serviteur appelé, il s’agit d’une intention, d’une décision du Père de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est Dieu qui appelle ; c’est Dieu qui choisit ; c’est Dieu qui envoie. Son choix peut nous étonner, nous surprendre, nous choquer peut-être mais c’est ainsi : le point de départ, c’est lui. Notre autorité vient de lui et de lui seul quels que soient nos incapacités ou nos insuffisances, nos manquements ou nos dévouements : n’oublions jamais que c’est le Christ qui a pris la décision de nous envoyer. Et c’est lui qui nous indique la mission à accomplir. L’Evangile de Marc, par sa concision, présente quelques difficultés à percevoir la réalité de cette mission. Seul l’essentiel est indiqué : « ils prêchèrent la repentance » (Marc 6). C’est la première offensive de la Parole, le premier coup salutaire porté à l’orgueil et à la suffisance. Appeler à la repentance, c’est-à-dire à un retour à Dieu, sans cesse abandonné et toujours persévérant dans sa fidélité. Le reste : les démons chassés, l’onction d’huile, les malades guéris ne sont là que pour attester, confirmer leur autorité, cette autorité qui leur vient du Seigneur.
C’était déjà le message d’Amos : en annonçant la mort du roi et la déportation du peuple, il affirme que la miséricorde de Dieu a atteint ses limites, et que sans un retour vers lui, tout est perdu. Car on ne se moque pas éternellement de Dieu.
Repentance et changement de vie, c’est le leitmotiv du message d’Amos. « Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur… »
C’est encore notre tâche, notre mission aujourd’hui. Nous sommes au mois d’octobre, dans la huitième année du 21ème siècle. Ce monde est allé de progrès en progrès dans de très nombreux domaines, mais aucune révolution, sociale, économique ou scientifique n’a pu changer le cœur de l’homme…

Le monde d’aujourd’hui ne ressemble-t-il pas à ce royaume d’Israël où le luxe insatiable des femmes riches, en particulier, faisait qu’Amos les comparait à des génisses ? La Jet Set d’aujourd’hui ne ressemble-t-elle pas à cette société du 15ème siècle que le grand prédicateur de la repentance Savonarole comparait à une écurie de porcs et de chevaux ?
Un monde où des jeunes mamans vendent leur bébé 5000 euros pour sortir de la misère, parce qu’elles ont eu la mauvaise idée de quitter leurs pays pour échouer dans un squat de Seine Saint-Denis.
Un monde dont les banquiers croyaient que moins l’on régule, plus on atteint le bonheur universel. Ils passaient leur temps à anticiper sans voir les réalités du futur qui se rapprochaient dangereusement. Il ne fallait pas leur parler de normes, de garde-fous, de limites : seul le marché financier savait, seul le marché financier marchait. Quant il y avait alerte, on parlait d’erreur individuelle regrettable, comme dans la fameuse affaire Kerviel.
Désormais, dans ce monde construit sur des logiciels ultrasophistiqués mais totalement irrationnel, les cours dégringolent, la défiance se propage, la panique l’emporte sur la raison. Les gourous de la finance voient leur religion chuter comme une vieille idole païenne qu’ils voulaient nous forcer à adorer.


Certes, notre témoignage n’aura pas la portée de celui d’un Amos. Nous ne sommes pas appelés à être médiatisés pour parler au monde entier, ni même à un pays. Pour cela, il faudrait s’appeler Riberry ou Paris Hilton ; il faudrait avoir le nom d’un chanteur de la Star’AC ou d’un écrivain à succès !
Mais plus modestement, à notre niveau, au niveau de votre famille, de vos voisins de palier, de vos camarades de travail ou de loisirs, au niveau de notre quartier : nous pouvons être des témoins de l’amour et du pardon de Dieu.
Nous pouvons appeler ceux qui nous entourent à revenir à Dieu. Il ne s’agit pas de condamner aveuglément, mais d’annoncer, modestement, à notre niveau, le message de repentance pour le pardon des péchés. C’est une tâche délicate, fragile et limitée car nous restons des hommes pécheurs, même si nous sommes des croyants pardonnés par Jésus-Christ et sanctifiés par l’Esprit Saint.
Avec humilité et avec lucidité, sachons saisir les occasions que Dieu place sur notre route pour faire entendre à nos contemporains et à ceux qui nous sont le plus proches, le message éternel et inaltérable de l’Evangile : Repentez-vous, revenez à Dieu. Il est prêt au pardon. Il veut changer et sauver votre vie et vous aider à vivre en nouveauté de vie.
Soyez des témoins de son pardon, de son amour et de sa sainteté. Amen !

mardi 14 octobre 2008

PHILIPPIENS 4.1-9

Phi 4:1 C'est pourquoi, mes bien-aimés, et très chers frères, vous qui êtes ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien-aimés!
Phi 4:2 J'exhorte Évodie et j'exhorte Syntyche à être d'un même sentiment dans le Seigneur.
Phi 4:3 Et toi aussi, fidèle collègue, oui, je te prie de les aider, elles qui ont combattu pour l'Évangile avec moi, et avec Clément et mes autres compagnons d'oeuvre, dont les noms sont dans le livre de vie.
Phi 4:4 Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous.
Phi 4:5 Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
Phi 4:6 Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.
Phi 4:7 Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus Christ.
Phi 4:8 Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées.
Phi 4:9 Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi, et ce que vous avez vu en moi, pratiquez-le. Et le Dieu de paix sera avec vous.



Chers frères et sœurs,

Parfois, les plus beaux textes de la Bible peuvent être aussi les plus mal compris, à cause d’une lecture trop rapide ou partielle.
Prenez l’Epître de ce jour : que nous y dit Paul ? « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ».La belle affaire que voilà !
Comment est-ce qu’on peut se réjouir quand la maladie frappe, quand la situation économique se dégrade, quand le couple bat de l’aile ?
Alors il est tentant pour certains de dire : « ah, voilà, vous les chrétiens, vous vivez sur une autre planète. Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Qu’on se promène avec un sourire béat toute la sainte journée ? C’est bien beau d’être spirituel, mais vous n’avez pas grand-chose à dire sur la réalité de la vie telle qu’elle est ». Il est vrai, hélas, que certains chrétiens se servent de ce passage pour appuyer leur spiritualité faite d’exaltation. Ils affirment que le chrétien ne doit jamais être triste. Ils transforment en fait leurs émotions en bonnes œuvres par lesquelles ils prétendent assurer leur statut auprès de Dieu.
On est là très loin de la Bible. Cette Bible où nous voyons les lamentations des Psalmistes et du prophète Jérémie. Cette Bible où nous lisons ces paroles du Seigneur à Gethsémané : « mon âme est troublée, et jusqu’à la mort ».Et même Paul sait ce qu’est la souffrance, lui qui, quand il écrit cette lettre se trouve en prison à cause de sa foi. Alors, comment comprendre ce que Paul dit ?
Je crois que la clé d’une compréhension juste de ce texte est de bien faire attention à ne pas en occulter la seconde partie : « réjouissez-vous dans le Seigneur ». Le but de Paul ici, c’est de nous ancrer en Jésus-Christ afin que nous connaissions une vie véritablement transformée et libre.
Paul veut nous enraciner en Christ et c’est pourquoi il dit dès le verset 1 « tenez ferme dans le Seigneur ».


« Réjouissez-vous dans le Seigneur ». Paul ne nous dit pas de nous bâtir un optimisme à toute épreuve, il ne nous impose pas de nous réjouir par nous-mêmes. Nous ne réjouissons pas à cause de quelque chose qui viendrait de nous ou même des conditions qui sont les nôtres. Nous nous réjouissons dans le Seigneur, notre Seigneur Jésus.
« Je crois que Jésus-Christ, vrai Dieu, né du Père de toute éternité, vrai homme, né de la Vierge Marie, est mon Seigneur. Il m’a racheté, moi perdu et condamné, en me délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable ; non pas à prix d’or et d’argent, mais par son précieux sang, par ses souffrances et par sa vie innocentes » dit Martin Luther dans son Petit Catéchisme.
Avoir Jésus comme Seigneur, c’est savoir qu’il nous a sauvés, libérés du péché et de la mort, c’est savoir que Jésus est la preuve que Dieu nous aime et qu’il nous considère comme ses fils et ses filles. Nous savons aussi que nos épreuves ne sont pas le signe d’un jugement de Dieu envers nous, mais que, bien au contraire, il nous y accompagne et nous soutient, chaque jour, pas à pas.
Et ce que Paul veut, c’est que nous regardions toute notre vie à la lumière de cette vérité, qui seule est capable de nous donner la vraie joie et, aussi, parce qu’elle est la seule à pouvoir nous donner la bonne perspective sur notre vie. Par exemple, il est inutile de chercher

Mais Paul est aussi un réaliste. Il sait que les soucis et les inquiétudes sont des ennemis de la joie : qui a le cœur à se réjouir quand les fins de mois commencent le 15, quand la santé défaille ou que le couple va mal ? C’est pourquoi il repart de plus belle en nous disant « ne vous inquiétez de rien ». Incorrigible, ce Paul : comment ne pas s’inquiéter quand on est confronté à des situations parfois délicates ? Et bien, là aussi, Paul nous donne la réponse, et elle s’appelle Jésus.
Notez bien le contraste : « ne vous inquiétez de rien mais en toutes choses faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce ». Le conseil de Paul, c’est de transformer nos soucis en prière, de nous décharger auprès de Dieu de tous nos fardeaux. L’apôtre nous dit de prier pour « toutes choses ». Il n’y a pas de problème trop petit pour que Dieu daigne s’y intéresser. Il n’y a pas de problème trop grand pour que Dieu puisse le résoudre.
Encore une fois, l’enjeu est de savoir comment je me vois et comment je vois mon existence. Est-ce que, oui ou non, le fait que j’appartienne à Jésus fait une différence réelle dans ma vie, ou est-ce que mon christianisme se limite à l’heure de culte du dimanche matin, pour être remis sur l’étagère tout au long de la semaine ? Paul nous parle ici de choses très pratiques : on peut discutailler durant des heures sur la Bible, mais c’est autre chose que de s’en remettre à Dieu dans la prière. Est-ce que nous croyons qu’il est là? Est-ce que nous croyons qu’il nous écoute? Est-ce que nous croyons qu’il agit?
Paul promet un résultat à cette attitude : « la paix de Dieu, qui dépasse toute compréhension, gardera vos cœurs et vos esprits en Jésus-Christ ». Cette paix de Dieu dont parle Paul a deux aspects :
- il y a la paix avec Dieu que Jésus a accomplie par son obéissance, son sacrifice et son intercession (Rom 5.1)
- il y a aussi la paix du cœur, de l’esprit et de la conscience qui découle d’une vision correcte de Christ.
Et nous nous savons que si nous sommes ancrés en Jésus, nous connaîtrons la joie : il y a là une sorte de cercle vertueux de la vie chrétienne.


Enfin, Paul nous invite à penser (v.8) à tout ce qui est vrai (en accord avec la vérité de Christ et de la Bible), tout ce qui est honorable (aux yeux de Dieu et des hommes), tout ce qui est juste (donnez à Dieu et aux hommes ce qu’il leur revient), tout ce qui est pur (en paroles et en actions, contre l’égoïsme, la convoitise, la haine), tout ce qui est aimable (foi, bonté, compassion), tout ce qui mérite l’approbation (ce qui contribue à la bonne réputation d’un homme pour la gloire de son Sauveur). Mais pourquoi penser à tout ça ? Et bien, parce que nos pensées sont les semences de nos paroles et de nos actes. Paul nous dit « tournez votre esprit vers toutes ces choses, qu’elles l’occupent, et qu’il trouve le moyen de les réaliser de façon pratique ».
Qu’est-ce qui domine nos pensées, frères et sœurs ? Est-ce que c’est Jésus et le Royaume de Dieu ou la vision du monde que nous imposent la société et ses médias ? Est-ce que la Bible est bien la lumière sur notre sentier ?
Il faut se poser cette question, parce que d’elle dépend notre fidélité au Seigneur. On ne peut pas être un chrétien fidèle lorsqu’on ne donne pas la première place à Jésus, lorsqu’on oublie l’amour dont il a fait preuve pour nous. On se prive ainsi de toutes les bénédictions qu’il veut nous accorder, et en premier lieu celle d’une vie d’obéissance rendue possible par le Saint Esprit.
C’est pourquoi, entendons cette parole de Paul : tenez ferme dans le Seigneur !

mercredi 8 octobre 2008

Martin Luther prédicateur. Arrêt sur images.


Albert Greiner nous a fait il y a déjà quelques années un beau cadeau en nous offrant ce receuil de citations de Martin Luther. Le Réformateur n'hésitait pas à rendre son enseignement vivant en utilisant images, métaphores et dialogues fictifs.
On retrouve dans ce livre une sélection de quelques uns de ces textes, présentés de façon à couvrir l'ensemble des grandes doctrines de la foi chrétienne. Le lecteur y trouvera, en plus d'une fort pratique introduction à la théologie luthérienne, une mine de réflexions qui le feront réfléchir, approfondir, prier et retourner à la Bible pour l'ouvrir avec un oeil neuf. Le tout est agrémenté par des illustrations de Françoise, épouse du compilateur.
Editions Excelcis, 16€.

lundi 6 octobre 2008

Deutéronome 8, 1 - 18 (Dimanche des actions de grâces)

1 ¶ Tout le commandement que j’institue pour toi aujourd’hui, vous veillerez à le mettre en pratique, afin que vous viviez, que vous vous multipliiez et que vous entriez en possession du pays que le SEIGNEUR a promis par serment à vos pères.
2 Tu te souviendras de tout le chemin que le SEIGNEUR, ton Dieu, t’a fait parcourir pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’affliger et de te mettre à l’épreuve, pour savoir ce qu’il y avait dans ton cœur, pour voir si tu observerais ou non ses commandements.
3 Il t’a donc affligé, il t’a fait souffrir de la faim et il t’a nourri de la manne que tu ne connaissais pas et que tes pères n’avaient pas connue, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche du SEIGNEUR.
4 Ton manteau ne s’est pas usé sur toi et tes pieds n’ont pas enflé pendant ces quarante années.
5 Sache donc bien que le SEIGNEUR, ton Dieu, t’instruit comme un homme instruit son fils.
6 Tu observeras les commandements du SEIGNEUR, ton Dieu, en suivant ses voies et en le craignant.
7 Car le SEIGNEUR, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de cours d’eau, de sources et d’abîmes qui jaillissent dans les vallées et dans les montagnes ;
8 un pays de froment, d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers ; un pays d’oliviers et de miel ;
9 un pays où tu mangeras sans avoir à te rationner, où tu ne manqueras de rien ; un pays où les pierres sont du fer, et où tu extrairas le cuivre des montagnes.
10 ¶ Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, tu béniras le SEIGNEUR, ton Dieu, pour le bon pays qu’il t’a donné.
11 Garde–toi d’oublier le SEIGNEUR, ton Dieu, de ne pas observer ses commandements, ses règles et ses prescriptions, tels que je les institue pour toi aujourd’hui.
12 Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons,
13 lorsque ton gros bétail et ton petit bétail se multiplieront, que l’argent et l’or se multiplieront pour toi et que tout ce qui t’appartient se multipliera,
14 prends garde, de peur que ton cœur ne s’élève et que tu n’oublies le SEIGNEUR, ton Dieu, qui te fait sortir de l’Egypte, de la maison des esclaves.
15 Il t’a fait marcher dans ce désert grand et redoutable, pays des serpents brûlants, des scorpions et de la soif, où il n’y a pas d’eau ; il a fait jaillir pour toi de l’eau du rocher de granit,
16 il t’a fait manger dans le désert la manne que tes pères ne connaissaient pas, afin de t’affliger et de te mettre à l’épreuve, pour te faire du bien par la suite.
17 Et tu te dirais : « C’est par ma force et la vigueur de ma main que j’ai acquis toutes ces richesses ! »
18 Tu te souviendras du SEIGNEUR, ton Dieu, car c’est lui qui te donne de la force pour acquérir ces richesses, afin d’établir son alliance, celle qu’il a jurée à tes pères –– voilà pourquoi il en est ainsi en ce jour.

(Nouvelle Bible Segond)


Une fête d'actions de grâces : un culte pour dire merci à Dieu !
Vous penserez peut-être : nous remercions Dieu chaque jour ! Avons-nous besoin d’un dimanche pour lui apporter une offrande spéciale ? Peut-être pas. Mais vous savez comme moi qu’il est difficile d'être reconnaissant. Voyez les dix lépreux de l'Evangile ! Un seul revient pour adorer son bienfaiteur !
Imaginez cela dans une paroisse (hypothèse absurde !) : un dixième des membres éprouve du plaisir à venir au culte. Un dixième est prêt à rendre service quand on a besoin d’eux. Un dixième soutient son activité par un don régulier ! Où sont donc passés les autres sauvés de la lèpre du péché ?


Frères et sœurs, l'ingratitude fait partie de notre nature depuis la chute. Elle est vivace et résiste au meilleur désherbant ! Or une paroisse ingrate n'est pas fréquentable. Elle épuise son pasteur ; on y attrape l'avarice et la sécheresse du coeur. Une paroisse ingrate n'a rien compris à l'amour de son Dieu. Elle passe à côté de l'essentiel.
Ce passage du Deutéronome est comme un sermon d'actions de grâces que Dieu adresse à Israël. Le thème pourrait en être le suivant :
- Mon peuple, souviens-toi ! - Mon peuple, prends garde !


I
Ce sermon de Dieu est meilleur que tous ceux que je ne pourrai jamais écrire. C’est un bilan d'amour. Premier élément du bilan : Mon peuple, souviens-toi ! J'ai fait une alliance avec toi. Moïse écrit : « L'Eternel ton Dieu te donnera la force pour acquérir les biens de la terre de Canaan, afin de confirmer […] son alliance qu'il a juré à tes pères ».
Cette terre arrosée de torrents, avec son lait, son miel, ses vignes, ses figuiers était une vraie chance après l’esclavage : Dieu poursuivait son plan de grâce ! Personne ne peut prendre en défaut sa fidélité. C’est pourquoi le sermon commence à l’ombre des pyramides et rappelle la libération. Dieu souligne la longue traversée du désert (au sens propre !) et son assistance dans cette épreuve.
Et voici maintenant « le bon pays », le repos attendu enfin accessible. Chaque étape de ce bilan confirme l’alliance jurée à Abraham, Isaac et Jacob : ce qu’il dit arrive ; ayez donc confiance !
Quand les Hébreux évoquaient les dix plaies d'Egypte, la traversée de la Mer Rouge et leur vie au désert, ils devaient se souvenir que Dieu ne les avait jamais abandonnés. En considérant ces événements – assez extraordinaires, tout de même ! – ils devaient savoir que Dieu serait assez puissant pour accomplir toutes ses promesses. Leurs yeux devaient se porter vers l’accomplissement ultime de cette alliance : la venue du Messie qui sauverait les hommes de leurs péchés.
Et nous frères et sœurs ? Sommes-nous vraiment moins favorisés ? Paul témoigne : « tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction ».
Retrouvons, dans nos Bibles, les événements de nos propres bénédictions !
Ainsi, chaque prédication nous dit : Souviens-toi de l'alliance de grâce que Dieu fait avec toi en Jésus-Christ ! Notre Baptême nous dit : Souviens-toi comment le Seigneur a fait ce jour-là une alliance d'amour avec toi pour t'adopter comme son enfant bien-aimé ! Chaque repas de communion nous dit : Souviens-toi comment ton Seigneur vient chez toi, avec son corps et son sang pour resserrer ses liens d'amour, des liens qu'il ne coupera jamais !
Deuxième constat : comme Israël, nous avons, nous aussi, notre terre de Canaan avec ses oliviers, ses vignes, son lait et son miel. Il nous a aussi préparé « un avenir heureux » (v.16) ; c’est le vêtement, la nourriture, le travail, le salaire, la paix, l'ordre, la justice, la famille… Les bienfaits de Dieu dans nos vies ne sont-ils pas très nombreux ?
Avec eux, Dieu nous dit : Souviens-toi de moi. Je connais tes besoins. Je sais bien que tu n’es pas un pur esprit ! Tu as un corps. Laisse-moi donc prendre soin de ton corps ! Souviens-toi quel Dieu je suis pour toi ! Ne t’ai-je pas formé dans le ventre de ta mère ? Ne t’ai-je pas connu lorsque tu as été fait dans le secret ? Comment douter alors que tu aies de la valeur à mes yeux ? Comment pourrais-je t’abandonner ?
Troisième révélation, plus intime encore que la sécurité matérielle : Dieu nous secourt dans la détresse.
« Souvenez-vous – écrit Moïse - de la longue marche que le Seigneur votre Dieu vous a imposée à travers le désert, pendant quarante ans ; il vous a ainsi fait rencontrer des difficultés pour vous mettre à l’épreuve, afin de découvrir ce que vous aviez au fond de votre cœur et de savoir si, oui ou non, vous vouliez observer ses commandement […] Comprenez donc bien que le Seigneur votre Dieu veut vous éduquer comme un père éduque son fils ».
Ces paroles nous rappellent que Dieu n’est pas un homme pour mal aimer. Son affection dépasse nos « meilleures intentions » - pour reprendre le titre d’un beau film – (intentions) qui peuvent se révéler finalement catastrophiques. S'il a parfois traité son peuple avec dureté, c'était pour l'éprouver, pour… l’éduquer, dit le saint Esprit. Israël, en effet, était un peuple rétif et à la contestation permanente.
A nous aussi, Dieu nous dit : il m'arrive de te secouer par des épreuves. Mais souviens-toi, je le fais parce que tu es mon enfant et que toi aussi, tu as tes jours d'orgueil et d'insatisfaction. Toi aussi, tu as besoin d'être éduqué.
C’est la pédagogie divine, d’un Père pour ses enfants : « De cette manière, écrit Moïse, il vous a montré que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce ».
Cela veut dire que Dieu vient avant le souci du pain, de l'argent, de l’appartement et de tout ce qui va avec. « Il vient avant » : je veux dire qu’il est la source de votre pouvoir d’achat : c’est lui qui répand la manne et fait pleuvoir les cailles au désert, entretient la veuve de Sarepta, multiplie les pains et les poissons, console le malheureux et tient debout celui qui défaille. Cela veut dire que son secours pour ses enfants ne dépend pas des bruits de crises, de récessions et de cracks boursiers... Rien n'est impossible à Dieu !
Aujourd'hui, il nous dit : C’est vrai, tu marches dans un monde aride en foi et pauvre en Dieu. Un monde qui affole et angoisse avec complaisance sans se soucier des conséquences sur les moins armés à supporter ce matraquage permanent, par les médias notamment. Tu marches à travers des pièges ; tu passes par des déserts pleins d'hostilités et de confusions.
La voie large de la frilosité, du repli sur soi est sans cesse devant toi, tellement logique et convaincante. Mais, quand tu écoutes la radio le matin en faisant ta toilette, souviens-toi aussi que moi, l’Eternel ton Dieu, je donne le secours et la vie, la paix et le salut, le pain et les fruits même dans les déserts les plus pauvres. Garde ma Parole ! Accroche-toi à mes promesses. Avec elles tu me possèdes tout entier.
Voilà, chers amis, le bilan que Dieu fit ce jour-là devant son peuple ! Voilà ce qu'il fait aussi avec nous en Jésus-Christ. Car nous sommes son peuple, le troupeau de son pâturage. Ce bilan doit nous pousser à la louange, à l’adoration et la consécration, à des offrandes généreuses qui montent à Dieu comme un parfum de joie ! Puissions-nous être une paroisse digne de ce bilan d'amour !


II
Dans la deuxième partie de son sermon, Dieu veut mettre en garde. Ecoutez ce qu'il dit : « Vous aurez de quoi vous nourrir abondamment, vous vous construirez de belles maisons où vous vous installerez […], vous possèderez davantage d’argent, d’or et de biens de toute sorte. Veillez alors à ne pas devenir orgueilleux, au point d’oublier que le Seigneur votre Dieu vous a fait sortir d’Egypte où vous étiez esclaves ». Et plus loin (v. 17) : « Ne pensez jamais que vous avez atteint la prospérité par vous-mêmes, par vos propres forces » !
Dieu est bon pédagogue ; il est aussi fin psychologue. Il connaît bien le coeur de l'homme et notamment ses revirements et ses faiblesses. Vous le savez bien : il suffit que les circonstances favorisent notre travail, que s’installe une certaine sécurité matérielle pour que déjà naissent en nous deux sentiments très dangereux : l’ingratitude et l’orgueil. Même Salomon, dans sa célèbre prière, avoue que la richesse pourrait lui tourner la tête et le pousser à oublier Dieu.
Mais en Jésus, nous avons un ami attentif... et honnête. Il sait où le bât blesse. Il sait combien le matérialisme risque de nous étourdir, parfois jusqu'à l'aveuglement. Nous sommes tous reconnaissants pour le confort lié à l’industrialisation, mais voyez comme nos pays riches se sont déchristianisés ! Que sont devenus les grains d’Evangile semés au Rebberg et dans tous les beaux quartiers de nos grandes villes ? N'est-t-il pas triste de constater que l’argent a souvent un effet anesthésiant sur l’âme humaine ? Qu’au lieu d’apporter à l’homme du temps pour lui-même, il semble peu à peu dévorer son âme ? Que l’intelligence et la culture, au lieu de favoriser la connaissance des Ecritures, rivalisent avec elles et la tournent en ridicule ! Saint Jean écrit dans sa première épître : « Si quelqu’un aime le monde, il ne lui est plus possible d’aimer le Père. En effet, voici ce qui appartient au monde : la volonté de satisfaire ses propres désirs ou de posséder ce que l’on voit, ainsi que l’orgueil fondé sur les biens terrestres » (2, 15).
La prospérité peut encore avoir un autre effet malheureux sur l'homme : celui de l'amener à s'attribuer la gloire de ses biens et donc à rayer Dieu de sa vie et de sa piété. Le matérialisme et la société de consommation ont engendré plus de mécréants que le marxisme.
Quand il ne tremble pas pour son travail, que dit l’homme moderne ? « J'ai mon salaire – pas terrible, mais passons… - mon épargne – pour combien de temps, je ne sais pas… - mes crédits à la consommation, ma protection sociale, mon assurance-vie, ma sécu, ma mutuelle, ma caisse de retraite, mes spécialistes, ma clinique, mes loisirs, mon portable et bientôt ma résidence secondaire ! »
Dans ce discours, tout est pensé, planifié, organisé en vue d'un risque zéro. Donc Dieu est disqualifié ; il est coiffé au poteau.
Mais quand on y réfléchit, on touche les sommets de l'absurde. Depuis quand l'homme est-il le maître de sa vie, de son avenir et surtout de sa santé et de sa mort ? Que Dieu souffle, et déjà l’homme éternue. David nous rappelle que l'homme est comme l'herbe et sa vie comme le souffle du vent.
Jésus ne dit pas autre chose : « Que sert-il à un homme de gagner le monde s'il perd son âme » ? Au riche de la parabole qui se flattait de son capital, Dieu dit : « Insensé, demain ton âme te sera redemandée » !
Alors oui, il y a des choses qu’il faut toujours rappeler : « Si vous oubliez le Seigneur votre Dieu – écrit Moïse -, si vous vous mettez à rendre un culte à d’autres dieux, à les adorer et à les servir, je vous avertis solennellement aujourd’hui que vous disparaîtrez complètement. Oui, si vous n’obéissez pas au Seigneur votre Dieu, vous disparaîtrez comme les nations que le Seigneur va éliminer à votre approche » !
Ce message vaut bien sûr pour nous aujourd’hui : Eglise, prends garde ! Chrétien, attention ! Si tu ne me prends pas au sérieux, si tu me considères comme une quantité négligeable dans ta vie et ta piété, si tu crains que je ne prenne trop de place, tu risques de « disparaître » dit le Seigneur ; tu disparaîtras… de ma présence, de mon intimité, de mon plan de salut en Jésus-Christ.
Alors oui, rappelons le thème du sermon divin :
Mon peuple, souviens-toi de mon alliance d'amour et combien je t'ai aimé en Jésus-Christ ! Mon peuple, prends garde ! Que les biens que je te donne ne te fassent pas oublier que je suis ton Dieu, maintenant et pour toujours. Alors, sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.
Amen !