dimanche 15 février 2015

MARC 2.2-9

2 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduit seuls à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux :
3 ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle qu’il n’est pas de teinturier sur terre qui puisse blanchir ainsi.
4 Elie avec Moïse leur apparurent ; ils s’entretenaient avec Jésus.
5 Pierre dit à Jésus : Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie.
6 Il ne savait que dire, car la peur les avait saisis.
7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée survint une voix : Celui–ci est mon Fils bien–aimé. Ecoutez–le !
8 Aussitôt ils regardèrent autour d’eux, mais ils ne virent plus personne que Jésus, seul avec eux.
9 Comme ils descendaient de la montagne, il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu jusqu’à ce que le Fils de l’homme se soit relevé d’entre les morts.


Chers frères et sœurs,
Un des grands principes de la pédagogie, c'est la répétition.

Dans le domaine de l'apprentissage ou de l'acquisition d'un savoir, une seule fois ne suffit pas. Il faut revenir sur certaines choses pour bien les assimiler, même (surtout?) les plus basiques.

Jésus le sait. La Transfiguration est un rappel (à ses plus proches compagnons, mais aussi à nous) de choses que nous avons déjà. Jésus est à la fois Dieu et homme. L'Agneau immolé dans son amour et sa compassion est aussi le Lion de Juda au pouvoir fantastique devant qui tout genou fléchira.

Pierre savait que, comme nous le dirions aujourd'hui, Jésus avait deux natures. Pierre connaissait l'homme Jésus, et pourtant il l'avait bien vu accomplir de grands miracles. Quand Jésus a demandé a ses disciples "et vous qui dites vous que je suis", Pierre a pu répondre "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant". Et pourtant, alors que Jésus va commencer à préparer ses compagnons à sa crucifixion, il sait que Pierre a besoin d'une piqure de rappel. Les amis de Jésus vont bientôt être témoins de scènes qui pourraient ébranler leur foi, leur faire dire que Jésus n'était après tout qu'un simple humain qui a été livré, mis à mort et enterré.

Alors Jésus emmène les plus proches de ses disciples sur une montagne. Et c'est là que le Père répète les paroles qu'il a prononcées lors du baptême de Jésus "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le". Ici, Dieu rappelle à Pierre, Jacques et Jean la nature divine de Christ "Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré et non crée, d'une même substance avec le Père". Jésus est celui qui vient accomplir la Loi et les Prophètes, et c'est pour cela qu'il parle face à face avec Moïse et Elie.
Alors arrive à notre trio ce qui arrive souvent dans la Bible à ceux qui ont conscience, alors qu'ils ne sont que des hommes mortels et pécheurs, de se retrouver en face du Dieu très Saint: ils sont saisis par l'effroi (v.6).

Et à ce moment là, Pierre, Jacques et Jean ont besoin d'un autre rappel: celui de la grâce de Dieu, de la grâce de Dieu qui s'est fait homme pour devenir notre Rédempteur. Dans son récit de la Transfiguration, Matthieu nous "Jésus s'approcha en les touchant, il dit 'n'ayez pas peur'. Or, se levant, ils ne virent personne, sinon lui, Jésus, seul". (Mt 17.7-8).

Les disciples avaient donc besoin de ce rappel. C'est aussi vrai pour nous, à cause de notre vision qui peut devenir floue ou mal orientée. Le mal nous assaille, le monde nous met sous pression, notre chair nous tente, les déceptions et les épreuves de la vie nous mettent à bas. Dans ces cas-là, notre foi peut être rendue chancelante par ce que notre raison et nos sens perçoivent de notre situation. Peu à peu, nous nous éloignons de Dieu. Notre vie de prière devient fade. Nous ne nous plaçons plus à l'écoute de la Parole du Seigneur. Les forces hostiles au christianisme authentique, si nombreuses dans notre pauvre société, nous font taire. Nous vivons dans un monde agité, ennemi de Christ, et tous les jours, nous sommes pressurés pour détourner nos regards de Christ.

Frères et sœurs, à chaque fois que nous cessons de fixer notre Sauveur, nous tombons dans le péché et la défaite spirituelle. C'est ce qui est arrivé à Adam et Eve, c'est ce qui est arrivé à Moïse et qui l'a empêché d'entrer dans le Pays Promis, c'est ce qui arrivait aux Pharisiens si fiers d'eux-mêmes, c'est ce qui est arrivé aux disciples du Seigneur qui se sont plus souciés de leur sécurité que du Seigneur quand il a été arrêté.

Quand nous détournons nos regards de Christ, il faut les fixer sur autre chose, la nature a erreur du vide. Certains vont alors faire de la vie chrétienne un ensemble de règles, un légalisme étouffant auquel il faut se soumettre si l'on veut montrer qu'on est un vrai chrétien. D'autres vont déclarer que l'Evangile, c'est telle ou telle cause politique (y compris si cette cause est contraire aux valeurs bibliques): et là aussi, vous êtes sensés suivre le mouvement si vous voulez être considéré comme authentiquement croyant! Oui, si nous ne fixons plus Jésus, nous allons regarder vers nos œuvres et placer notre foi en nos efforts et la pauvre sanctification que nous croyons atteindre. Et si ça n'est pas dans nos œuvres, cela va être dans notre doctrine, notre liturgie ou dans le fait (certes suffisamment rare pour être noté) que nous appartenons à une Eglise où la Parole de Dieu est honorée, etc, etc…

Mais Dieu connaît notre faiblesse. Il sait que nous avons la mémoire courte. Il nous ramène à Jésus, il nous rappelle tout ce qu'il a accompli pour nous et qui est la seule et unique source de notre salut, le seul lieu où nous pouvons enfin trouver le repos. Dieu nous le rappelle dans sa Parole, entendue ou lue. Il nous le rappelle quand nous recevons d'un cœur croyant les paroles d'absolution. IL nous la rappelle lorsque nous nous souvenons de l'alliance qu'il a conclue avec nous lors de notre baptême. Il nous le rappelle lorsque nous nous approchons du Corps et du Sang du Seigneur et que nous entendons ces mots "livré pour vous" et "versé pour vous".

Alors, frères et sœurs, à chaque fois que nous sommes tentés de ne plus regarder à Jésus mais de fixer nous-mêmes, nos œuvres, notre théologie, notre appartenance à l'Eglise, entendons l'appel et le rappel de Dieu. Revenons vers Jésus, et vers Jésus seul. Tournons nos regards vers celui qui nous dit "levez-vous, n'ayez pas peur".

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